INDUSTRIE LAITIÈRE Bongrain a les moyens de ses ambitions
Le groupe diversifié dans les produits industriels à valeur ajoutée respire la santé… Le moment sans doute pour lui de grossir.
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Bongrain SA ne connaît pas la crise. Un chiffre d'affaires en hausse de 2,6 %, à 4,08 milliards d'euros, un résultat opérationnel en croissance de 14 %, à 149,4 M€, une marge opérationnelle courante qui passe de 3,3 à 3,7 %, un endettement net qui se réduit de 44 M€... Le comité de direction avait le sourire lors de la présentation annuelle des comptes. Et cela d'autant que Bongrain n'est pas l'entreprise qui paye le moins ses producteurs (voir notre enquête publiée en mars). Pour autant, le message à l'adresse de ces derniers, a été limpide : « Oui à une hausse du prix du lait cet été, si les GMS acceptent des hausses car nous ne rognerons sur nos marges. » Comment s'explique cette réussite alors que d'autres patinent ? Pour commencer, Bongrain s'appuie sur une multitude de marques de fromages partout où il est présent. Si la crise n'a pas épargné ces dernières dans des pays comme l'Espagne, celles vendues ailleurs en Europe de l'Ouest ont compensé. En effet, les achats de fromages y ont plutôt mieux résisté (+ 2,4 % selon une étude Nielsen) que d'autres produits laitiers (- 2,5 % pour le lait de consommation). « Dans ces pays, nos marques font mieux que le marché, a expliqué Robert Brzusczak, directeur général. En 2012, nous sommes devenus co-leaders en France avec des marques comme Caprice des Dieux, Saint-Agur, Coeur de Lion, Le Rustique, Tartare et Saint-Moret. » Cette performance a aussi un coût, celui de la publicité. Bongrain est le fromager qui y investit le plus en France. Il conforte aussi son leadership en Allemagne, où Le Rustique s'installe comme la principale marque de camembert. En Europe de l'Ouest toujours, les fromages Bongrain qui visent le haut de gamme, bénéficient d'une tendance de la consommation qui pousse à se priver de beaucoup de choses (habillement, mobilier, restaurant) mais préserve le plaisir des repas. La diversification sur des fromages multi-usage (raclette, produits de snacking ou dédiés à la cuisine), marché en progression, se révèle également payante.
L'activité ingrédients a boosté le résultat 2012
Autre point fort : la présence de Bongrain sur les marchés émergents où la consommation de fromages progresse. La marque Milkana déborde désormais de l'Union européenne. Elle sert de fer de lance vers la Chine. Idem pour Polenghi au Brésil. Troisième atout du groupe, sa diversification dans les ingrédients issus du lactosérum. Elle pèse, avec les spécialités pour la RHF, le beurre et la crème, 38 % du chiffre d'affaires (36,8 % en 2011). En 2012, ces activités ont boosté le résultat courant de 56,2 M€ (30,9 M€ en 2011) alors que celui des fromages plafonnait à 110,6 M€ (113,8 M€ en 2011). On comprend mieux pourquoi Bongrain s'intéresse à Terra Lacta. Outre ses fromages de chèvre et son beurre AOC, il dispose de lait prêt à rentabiliser les tours de séchage de la CLE. Impensable pour le groupe privé de rester en marge de ce marché des produits industriels promis à l'eldorado en Asie.
JEAN-MICHEL VOCORET
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